Ao mesmo tempo em que o líder do
grupo parlamentar CDU-CSU, a coligação direitista que sustenta o governo da
kaiser Angela Merkel, ousa proclamar em pleno Bundestag que "a Europa
agora fala alemão", como se uma nova versão do III Reich se houvesse
instalado por conta de uma virtuosa superioridade econômica, uma sombra se
espalha sobre o quadro dito exemplar das finanças alemãs.
A denúncia de um expert da Natixis, consultoria
financeira global, é de que manobras contábeis pouco éticas, teriam ocultado
que o déficit alemão de 2009, a partir da ajuda aos bancos em 2008,
corresponderia a 5,1%, nível semelhante ao da França, hoje alvo de especulações,
e não aos 3,2% anunciados.
Mas não fica aí o clima de dúvidas. Economistas alemães
ligados aos grandes bancos começam a se preocupar com a tendência ascendente da
dívida pública, este ano se acrescendo de € 25 bilhões.
E é do presidente do Eurogrupo, o luxemburguês Jean
Claude Juncker, que vem um dos mais violentos ataques: "A Alemanha tem uma
dívida mais elevada do que a da Espanha. Somente ninguém parece querer saber
disso"
Segue,
a íntegra da matéria do le Monde, para concluir que os "livres mercados",
se impondo hoje sobre alguns dos maiores governos mundiais, podem se
transformar nos agentes de um quadro imprevisível de retrocessos sociais em
todo o mundo.
Et si l'Allemagne n'était pas si exemplaire...
| 19.11.11 | 13h59
• Mis à jour le 21.11.11 | 09h35
"Maintenant
l'Europe parle allemand." Maladroit, choquant, le propos du président
du groupe parlementaire CDU-CSU, Volker Kauder, au Bundestag, mardi 15 novembre,
n'a pourtant fait qu'illustrer le statut que l'Allemagne a
officieusement acquis ces derniers mois.
Ce sont les marchés
qui l'ont consacrée. Mais aussi l'opinion publique. Désormais, la chancelière
allemande, Angela Merkel, peut faire la leçon et imposer ses vues pour résoudre la "pire crise depuis l'après
guerre" de l'Union monétaire. Mythe ou réalité ?
Membre du club très
fermé des pays notés AAA (l'équivalent d'un 20/20) par les agences de notation,
le pays revêt à première vue toutes les qualités - ou presque - dont peut rêver un chef d'Etat. Un déficit public en baisse
que le Fonds monétaire international (FMI) voit à moins de 1,7 % du produit
intérieur brut (PIB) en 2011. Un stock de dettes, certes élevé à 82,6 % du PIB,
mais sur la pente descendante. Un chômage contenu à 6 % de la population active
(contre 9,5 % prévu en France). Et, enfin, une balance des paiements courants
excédentaire.
Mais, aux yeux des experts, Berlin n'est pas si exemplaire. "Son déficit est honteusement truqué !", dénonce Sylvain Broyer, économiste chez Natixis. Et de développer : après le choc de 2008, le pays a eu recours à une tactique légale, mais peu éthique, pour comptabiliser les dizaines de milliards d'euros déboursés (ou offerts en garanties) afin de relancer son économie et sauver son secteur financier.
Les sommes, poursuit M. Broyer, ont été logées dans un fonds spécial "Sondervermögen" qui a contribué à faire grossir la dette mais n'est pas pris en compte dans le calcul du déficit public. Sans cette astuce le déficit allemand en 2009 n'aurait pas été de 3,2 % mais de 5,1 %, calcule Natixis. Un niveau comparable à celui de la France... De quoi faire écho aux propos de Jean-Claude Juncker, le président luxembourgeois de l'Eurogroupe. "En Allemagne, on fait souvent comme si le pays n'avait aucun problème, comme si l'Allemagne était exempte de dettes tandis que tous les autres auraient des dettes excessives", a-t-il lâché récemment. Une contre-vérité à ses yeux : "L'Allemagne a une dette plus élevée que celle de l'Espagne. Seulement personne ne veut le savoir ici."
RALENTISSEMENT
De fait, selon la Commission européenne, si l'on regarde le ratio dette sur PIB, l'Allemagne fait moins bien que neuf autres pays de la zone euro. Et malgré des recettes fiscales en forte hausse (de 40 milliards d'euros) en 2011 grâce à une croissance dynamique, la dette publique devrait croître, en valeur absolue, cette année de 25 milliards d'euros. La rigueur allemande serait donc toute relative ? D'influents économistes allemands, de sensibilités différentes, partagent l'avis de M. Juncker.
"Le niveau de la dette allemande est inquiétant, si l'on se projette dans l'avenir", juge Henrik Enderlein, dirigeant de la Hertie School of governance. Le déclin démographique du pays, qui contribue à modérer le taux de chômage, se traduira par "une baisse massive des recettes du gouvernement", explique-t-il. Dans le même temps, le vieillissement de la population va faire exploser les coûts de la sécurité sociale et de l'assurance-maladie". En 2010 une étude de la Banque des règlements internationaux (BRI) chiffrait d'ailleurs l'explosion des dépenses de santé en Allemagne à 10 % du PIB en 2035...
"La dette est bien au-dessus des 60 % prévus par le traité de Maastricht. L'Allemagne non plus n'a pas rempli sa tache", déplore Hans-Werner Sinn. Le très influent président de l'Ifo poursuit : "L'endettement déjà élevé montre que l'Allemagne ne peut sauver personne sans perdre elle-même sa notation." Autrement dit, le pays ne serait pas à l'abri, lui non plus, d'une dégradation qui le verrait perdre, un jour, son "AAA", sésame pour emprunter à bon compte sur les marchés financiers. A travers sa participation au Fonds européen de stabilité financière, censé sauver les pays en déroute de l'Union monétaire, "l'Allemagne a déjà mis sa note gravement en danger. Les primes d'assurances sur les emprunts à dix ans de l'Etat allemand ont décuplé par rapport à ce qu'ils étaient avant la crise", précise l'économiste eurosceptique.
Jochen Möbert, économiste à la Deutsche Bank , évoque "trois risques (qui) pourraient menacer la note allemande : une récession, une aide accrue aux pays périphériques et une aversion des marchés pour les emprunts d'Etat". L'Allemagne n'est pas menacée de récession. Mais, comme l'ensemble de la zone euro, elle est promise à un ralentissement en 2012 : les experts tablent sur une croissance de 0,9 % l'an prochain contre 3 % en 2011.
Pour l'heure, les marchés, qui désormais n'hésitent plus à s'attaquer à la Belgique ou à la France, réservent à l'Allemagne un traitement de faveur. Dans la zone euro, d'ailleurs, c'est Berlin qui doit débourser le taux d'intérêt le plus faible pour emprunter.
Mais le "modèle de stabilité allemand", hérité en grande partie des réformes structurelles (marché du travail, système des retraites) menées sous le gouvernement Schröder, soit bien avant la crise, n'est pas non plus un rempart imprenable. A en croire les économistes en tout cas.
Claire Gatinois et Frédéric Lemaître (à Berlin)
Mais, aux yeux des experts, Berlin n'est pas si exemplaire. "Son déficit est honteusement truqué !", dénonce Sylvain Broyer, économiste chez Natixis. Et de développer : après le choc de 2008, le pays a eu recours à une tactique légale, mais peu éthique, pour comptabiliser les dizaines de milliards d'euros déboursés (ou offerts en garanties) afin de relancer son économie et sauver son secteur financier.
Les sommes, poursuit M. Broyer, ont été logées dans un fonds spécial "Sondervermögen" qui a contribué à faire grossir la dette mais n'est pas pris en compte dans le calcul du déficit public. Sans cette astuce le déficit allemand en 2009 n'aurait pas été de 3,2 % mais de 5,1 %, calcule Natixis. Un niveau comparable à celui de la France... De quoi faire écho aux propos de Jean-Claude Juncker, le président luxembourgeois de l'Eurogroupe. "En Allemagne, on fait souvent comme si le pays n'avait aucun problème, comme si l'Allemagne était exempte de dettes tandis que tous les autres auraient des dettes excessives", a-t-il lâché récemment. Une contre-vérité à ses yeux : "L'Allemagne a une dette plus élevée que celle de l'Espagne. Seulement personne ne veut le savoir ici."
RALENTISSEMENT
De fait, selon la Commission européenne, si l'on regarde le ratio dette sur PIB, l'Allemagne fait moins bien que neuf autres pays de la zone euro. Et malgré des recettes fiscales en forte hausse (de 40 milliards d'euros) en 2011 grâce à une croissance dynamique, la dette publique devrait croître, en valeur absolue, cette année de 25 milliards d'euros. La rigueur allemande serait donc toute relative ? D'influents économistes allemands, de sensibilités différentes, partagent l'avis de M. Juncker.
"Le niveau de la dette allemande est inquiétant, si l'on se projette dans l'avenir", juge Henrik Enderlein, dirigeant de la Hertie School of governance. Le déclin démographique du pays, qui contribue à modérer le taux de chômage, se traduira par "une baisse massive des recettes du gouvernement", explique-t-il. Dans le même temps, le vieillissement de la population va faire exploser les coûts de la sécurité sociale et de l'assurance-maladie". En 2010 une étude de la Banque des règlements internationaux (BRI) chiffrait d'ailleurs l'explosion des dépenses de santé en Allemagne à 10 % du PIB en 2035...
"La dette est bien au-dessus des 60 % prévus par le traité de Maastricht. L'Allemagne non plus n'a pas rempli sa tache", déplore Hans-Werner Sinn. Le très influent président de l'Ifo poursuit : "L'endettement déjà élevé montre que l'Allemagne ne peut sauver personne sans perdre elle-même sa notation." Autrement dit, le pays ne serait pas à l'abri, lui non plus, d'une dégradation qui le verrait perdre, un jour, son "AAA", sésame pour emprunter à bon compte sur les marchés financiers. A travers sa participation au Fonds européen de stabilité financière, censé sauver les pays en déroute de l'Union monétaire, "l'Allemagne a déjà mis sa note gravement en danger. Les primes d'assurances sur les emprunts à dix ans de l'Etat allemand ont décuplé par rapport à ce qu'ils étaient avant la crise", précise l'économiste eurosceptique.
Jochen Möbert, économiste à la Deutsche Bank , évoque "trois risques (qui) pourraient menacer la note allemande : une récession, une aide accrue aux pays périphériques et une aversion des marchés pour les emprunts d'Etat". L'Allemagne n'est pas menacée de récession. Mais, comme l'ensemble de la zone euro, elle est promise à un ralentissement en 2012 : les experts tablent sur une croissance de 0,9 % l'an prochain contre 3 % en 2011.
Pour l'heure, les marchés, qui désormais n'hésitent plus à s'attaquer à la Belgique ou à la France, réservent à l'Allemagne un traitement de faveur. Dans la zone euro, d'ailleurs, c'est Berlin qui doit débourser le taux d'intérêt le plus faible pour emprunter.
Mais le "modèle de stabilité allemand", hérité en grande partie des réformes structurelles (marché du travail, système des retraites) menées sous le gouvernement Schröder, soit bien avant la crise, n'est pas non plus un rempart imprenable. A en croire les économistes en tout cas.
Claire Gatinois et Frédéric Lemaître (à Berlin)
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