"Espanha caminha para a grande miséria a passos largos" é o título da matéria postada hoje pelo Le Monde. Aí estão exemplos concretos das sequelas irreparáveis, nos limites do regime capitalista, de décadas de suposta prosperidade espanhola sob modelo neoliberal, ainda que moderado por políticas sociais. O Santander, banco espanhol que se arrota por aqui como exemplo de banco, tem muita responsabilidade nisso. Segura seus lucros, em grande parte, com o que obtém no Brasil de isenções privilegiadas para o capital financeiro, diante de crescentes problemas que encontra por toda parte.
Qual a saída?, se pergunta o correspondente em seu texto, quando os protestos sairem do controle dos simpáticos e pacíficos, por ora ainda não centralmente organizados, "Indignados"? Com a miséria alastrante, já se antevê o crescimento da violência urbana dos assaltos. Dos pivetes roubando bolsas de senhoras idosas, como a Europa já conheceu ao fim da II Guerra Mundial.
A situação se desenha mais grave quando se constata a tendência natural dos governos conservadores, ora hegemônicos na Europa, de se preocuparem exclusivamente com a recapitalização dos bancos, pelo que perderam em suas especulações predatórias, e até ilegais, ao preço do arrocho incessante sobre os direitos sociais, os salários e as aposentadorias dos servidores públicos e dos trabalhadores da iniciativa privada.
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Mesmo para os que não lêem em francês, não será difícil compreender, pelas cifras expostas, a história da "mãe de 56 anos, que vive com seus dois filhos, e seus dois netos de 7 e 3 anos. Os filhos estão desempregados'. A mãe recebe uma ajuda de € 426, que cessará em 24 de novembro deste ano. E o aluguel é de 276 euros". Luta que Segue...
Lettre d'Espagne | | 24.10.11 | 15h31 • Mis à jour le 24.10.11 | 18h20
"Mère de 56 ans, qui vit avec deux de ses enfants et ses deux petits-enfants de 7 et 3 ans. Les enfants sont au chômage et sans prestation. La mère perçoit une aide de 426 euros qui prendra fin le 24 novembre 2011. Leur loyer est de 276 euros. Dossier 125." Quelques lignes pour résumer la détresse d'une famille. Un numéro de référence pour demander de l'aide.
A Valence, l'association Nuestra señora de los desemparados a lancé cette année un nouveau programme de lutte contre la misère : "Parrainez une famille". Sur son site Internet, des dizaines de "dossiers" se succèdent. Un numéro de compte en banque invite les visiteurs à faire un don. Et quelques phrases détaillent des situations de plus ou moins grande détresse.L'Espagne ne voit pas le bout du tunnel. La crise s'allongeant, le nombre de chômeurs en fin de droit ne cessent d'augmenter : ils seraient près de deux millions sur les 4,8 millions de chômeurs espagnols (21 % de la population active) à ne percevoir aucune prestation. Près d'1,4 million de foyers compteraient tous leurs membres au chômage. Et selon les associations de droit au logement, 300 000 familles ont été expulsées de chez elles par les banques parce qu'elles ne payaient plus leur crédit depuis trois ans.
Le 13 octobre, l'association caritative, dépendant de l'église catholique Caritas, a tiré la sonnette d'alarme, annonçant lors de la présentation de son rapport 2010 que la pauvreté en Espagne "se stabilise et devient chronique". Le nombre de personnes ayant recours à ses services d'"accueil et assistance primaire", qui résolvent les questions d'urgence basiques telles que l'alimentation, est passé de 400 000 en 2007 à 950 000 en 2010. Or seulement 30 % de ceux-ci demandaient de l'aide pour la première fois. Les 70 % restants correspondent à "des personnes dont la situation empire par manque de solution", a souligné le secrétaire général de l'organisation Sébastien Mora. Les trois-quarts sont des couples âgés entre 20 et 40 ans avec plusieurs enfants en bas âge. Et pour la première fois, ils sont majoritairement de nationalité espagnole.
La solidarité familiale traditionnelle des pays méditerranéens, qui a si longtemps permis d'épargner les gens de la misère et de l'exclusion sociale, semble ne plus suffire. "Chaque année, il y a davantage de personnes qui ont besoin d'une aide d'urgence et le réseau de protection sociale public, qui était faible, diminue et s'érode", continue M. Mora.
Plan d'austérité oblige, les aides nationales destinées aux chômeurs en fin de droit, limitées à une durée de six mois, sont de plus en plus restrictives. Quant aux régions autonomes espagnoles, obligées de réduire leur déficit monstre, elles taillent dans les budgets sociaux. Les aides au logement, aux familles nombreuses, aux personnes dépendantes ou sans revenu se trouvent, par exemple, sur la sellette en Catalogne.
L'Institut national de statistiques espagnol, l'INE, qui a rendu public la semaine dernière les conclusions de l'enquête sur les conditions de vie 2011 parvient au même constat : la misère augmente à grands pas en Espagne.
Près de 22 % des foyers espagnols vivraient actuellement sous le seuil de pauvreté, fixé à 7 500 euros annuels pour une personne seule ou 13 500 pour un couple avec un enfant. En 2010, ils étaient 20,7 % et 19,5 % en 2009. L'augmentation du chômage en est la principale cause. "Un signe de la gravité de la situation est que de plus en plus de jeunes, formés et qualifiés, quittent l'Espagne pour trouver du travail ailleurs", souligne Florentino Felgueroso, directeur de la chaire de capital humain à la Fondation des études d'économie appliquée (Fedea). L'Espagne redeviendra-t-elle un pays d'émigration comme il y a quarante ans ? Selon les études de l'INE, c'est une possibilité si la situation continue de se détériorer.
Les revenus moyens des familles espagnoles ont baissé de 4,4 % en un an, atteignant moins de 25 000 euros annuels par foyer et 9 400 euros annuel par personne. Une famille sur trois n'a pas les moyens d'affronter des dépenses imprévues et 40 % n'a pas les moyens de se payer une semaine de vacances hors de son domicile. Plus alarmant encore, un récent rapport de l'Unicef souligne que 15 % des enfants d'origine étrangère vivent dans des conditions de grave pauvreté et que 6 % souffre de la faim de manière habituelle.
Pour le moment, l'Espagne ne connaît que peu de tensions sociales malgré l'ampleur de la crise. Pas de grève générale. Pas de violence et de délinquance de masse. Seuls les sympathiques "indignés", pacifistes et utopistes, dénoncent les difficultés de la société, gentiment, lors d'assemblées populaires... Mais jusqu'à quand ?
sandrine.mo@gmail.com
Sandrine Morel
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